Succéder à un disque aussi énorme que
Earth Is A Black Hole n'est pas chose aisée. L'un des meilleurs disques sortis en 2021, et surtout l'un des meilleurs disques de la décennie. 10 titres et 32 minutes que j'ai dû écouter une bonne centaine de fois au bas mot. Du coup, c'est avec un mélange d'appréhension et d'excitation que l'on accueille cette nouvelle version de
Teenage Wrist.
Still Love débarque enfin entre nos oreilles après deux ans et demie d'attente. Et la première chose que l'on peut reconnaître au groupe est de ne pas vouloir refaire le même disque encore et encore. Il aurait été facile de pondre 10 nouveaux tubes dans la veine de son illustre prédécesseur. Et bien non, ce
Still Love est une bête bien différente. Bien sûr, ces mélodies, cette émotion, et cette voix reconnaissable entre mille, sont toujours là. Ces ingrédients font partie de l'ADN du duo et ils sont encore une fois de la partie. Mais en fait, là où tous les titres de
Earth Is A Black Hole étaient des tubes immédiats et puissants, ces nouvelles compositions demandent plusieurs écoutes pour se laisser apprivoiser. Pas de panique dans les rangs, des tubes il y en a, et à la pelle : ''Sunshine", "Still Love", la superbe mid-tempo "Something Good", "Digital Self" ou encore "Humbug" (avec la présence de Kamtin Mohager, ancien chanteur du groupe, et actuel Heavenward / The Chaing Gang Of 1974). Ces cinq morceaux ne sont que des exemples du savoir faire de la bande, et ce grungy-shoegaze fait toujours autant son effet. Mais il y a aussi des surprises. Si beaucoup de chansons naviguent dans des eaux Smashing Pumpkins des 90's, une influence Deftones se fait aussi ressentir sur certains passages (notamment sur le final hurlé de "Cold Case"). Et puis, on n'est d'ailleurs pas si loin d'une ambiance neo sur "Dark Sky" (avec la présence rappée du frontman de 311) et "Cigarette Two Step" fait ressortir Glassjaw de la plus belle des manières (quel riff !). Il y a même un solo de saxophone sur la sublime "Sprawled", qui contient l'un des plus beaux refrains du disque et fait clairement penser à
Chrome Neon Jesus, leur premier album. Mais que serait un album de Teenage Wrist sans ces jolies ballades : "Diorama" est le morceau le plus ambiant de la galette avec des claviers, une guitare acoustique et des machines, et pourrait être considérée comme la cerise sur le gâteau. "Paloma aka Ketamine" clôt la galette sur la pointe des pieds, avec un morceau dans le plus simple appareil, encore une fois Corgan-ien en diable. 48 minutes sont passées, et la seule chose que l'on ait envie de faire et de remettre
Still Love au début pour continuer à le découvrir encore et encore. Teenage Wrist a réussi le pari un peu fou de succéder avec succès à l'album parfait... En sortant un album tout aussi bon, même si moins immédiat. Et une chose est certaine, cette nouvelle livraison est d'ores et déjà promise à truster le top 5 des disques de l'année 2023.
