Sukoï Fever

SUKOÏ FEVER



Ils pourraient poser façon "bad boys" blousons noirs (école Gene Vincent). Ils pourraient la jouer instruments sur l'épaule et regards entendus. Ils ont choisi de s'afficher costard sombre, cravate et chemise claire dans un couloir exigü. On les imaginerait presque en jeunes premiers, la gorge nouée, … attendant leur tour dans ce goulet d'étranglement qui déboucherait. sur un plateau télévisé pour être présentés à plusieurs millions de téléspectateurs en attente de la dernière trouvaille d'un Ed Sullivan ou d´un Steve Allen. Mais non ! Quiconque aura déjà croisé la route de Sukoï Fever sait qu'au bout de ce couloir se trouve forcément une scène et un public qui, lui, ne sait pas encore ce qui l'attend : un déluge de rock, de soul et de sueur.



This is Altamont baby ! Altamont in your head and in your face…



ROCK

Poussé il y a de cela 10 ans, le sextette Skalitsa prend forme sur des bases moins ska que soul et rock 60's. Sans harmonica et devenu Sukoï Fever, le groupe suit dès lors son intuition de pouvoir mêler les influences des Stones, des Who, du Clash et d’Otis Redding. L'alchimie obtenue verse dans un cocktail détonnant habillé de soul et de garage, énergique et dansant : rock'n'roll quoi ! Pour autant qu'il soit devenu aisé, voire trivial en France de se réclamer d'un mouvement rock'n'roll, l'élément qui finit toujours par faire la différence n'en reste pas moins ce feu intérieur que peu de groupes possèdent.



SOUL

"Ready for action" leur première démo 10 titres affichait déjà la couleur et cachait mal les ambitions d´un groupe décidé à tout donner, cordes et âme. Le fantôme des Undertones n´est pas bien loin. L'esprit soul 60´s et northern soul est là tapis dans l'ombre. Quelques semaines de travail au studio Pôle Nord, avec l´ami de longue date Fred Gramage, auront permis aux Sukoï d'emmener le plus loin possible des chansons affutées sur scène au fil des dernières années. "Straight On" s´en trouve transfigurée. Sitar et farfisa à l´appui, les Sukoï Fever ont saisi cette occasion de prendre un peu de recul pour tout remettre à plat, pour un résultat qui, en à peine 35 minutes, donne toute sa place à ce supplément d'âme porté par un chanteur habité, écorché. Le groupe a même trouvé sur ce premier album “Are you subversive ? ” l´espace qu´il faut pour des chansons plus mid-tempo qu´ils n´arrivaient jusqu'ici à proposer que rarement sur scène, emportés eux-mêmes par le tumulte qu'ils libèrent.



BAND

Sans jamais confondre attitude et look, les Sukoï ont eu tôt fait de monter sur scène en habits du dimanche. D'abord pour les grandes occaz', parce que ça se fait, comme ça se faisait d'ailleurs dans l´imagerie Stax ou Motown, ou à l'époque où les tubes cathodiques diffusaient en noir et blanc et que le costard était de rigueur pour les backing band de shows télévisés… That's entertainment ! Baby ! À voir avec quel empressement la veste tombe et la chemise ruisselle, on comprendra que ce souci de l'apparence qui pourrait passer pour un carcan laisse au contraire un maximum de place à la musique et aux cinq individualités du groupe. Cette histoire d'US & costumes n'est en définitif

qu'un moyen simple et efficace d'affirmer et d'afficher l'unité et la cohérence d'un collectif. Pour le power quintette c'est ensuite devenu un rituel, à chaque montée sur scène… le déclic entre " On " et " Off " comme lorsque vient le moment d'allumer les amplis. D'un répertoire d'une soixantaine de titres, " Sukoï Fever " en propose une douzaine. Libre à chacun maintenant d'imaginer ou d'aller voir en live ce qu'il leur reste sous la pédale.



Patrice Mancino