Nicolas Comment

Location:
Paris, Fr
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Rock / Pop / Other
Site(s):
Label:
Probe Laze it (J.-L. Piérot & P. Balzé)
Type:
Indie
L'histoire commence à Berlin où, suite à une grève des aiguilleurs du ciel – et bloqué dans cet " espace des possibles" malgré lui – Nicolas Comment se décide un beau jour à écrire et composer un premier album. La musique et l'écriture étaient là depuis toujours mais jusqu'alors l'image l'avait naturellement emporté (1). Au retour, la suite est heureuse : Rodolphe Burger lui passe les clefs de son studio pour la réalisation d'une maquette. Là, enfermé quinze jours avec des amis dans une ferme alsacienne, Nicolas en ressort avec une dizaine de morceaux. "Est-ce l'Est ? (Berliner romanze)" voit le jour : un livre-disque diffusé uniquement en libraire et produit sur un coup de cœur par Jean-Louis Piérot (Les Valentins, Daho, Miossec etc.) (2).
Mais déjà, Nicolas s'entretient avec l'écrivain Patrick Bouvet (In Situ, Shot) de son envie d'en découdre et d'attaquer rapidement la suite. Ce dernier travaille alors sur un projet assez radical avec Marc Collin : "Pulsion phantom" (artefact sonique nimbé de culture new-wave et de cinéma fantastique où Nicolas donnera bientôt la réplique à Helena Noguerra). Cette rencontre inopinée avec le producteur de Nouvelle Vague entraîne bientôt les deux hommes dans un petit resto de l'île de la Cité où rendez-vous est pris un mois plus tard en studio pour attaquer un nouvel album.
Trés vite, sur la mise à nu de 25 chansons maquettées, Marc Collin sélectionne tous les titres chantés en talk over avec un souci prononcé des rythmiques et – Berlin oblige – de la belle mécanique sensorielle de la Motorik allemande (Neu !, Faust, La Düsseldorf etc.) Improvisé en une nuit à Marseille avec Xavier Waechter (le complice bassiste), Je te vœux donnera rapidement le ton de l'album : imaginez un disque où Gainsbourg aurait été produit par The Cure ou Martin Hannett.
Avec audace, tandis qu'on les épouse, les chansons de Nicolas Comment imposent un ressenti qui ira en s'accentuant. De l'allure, de la découpe et une sacrée dégaine : c'est Manset au volant d'une porsche lynchienne ("La ferme en flammes", "Comme une forêt la hache"), ce sont des paysages surex dans des cadres à la Phillipe Garrel ("Campagne dernière"), des Suicide Girls en goguette dans les ruines de jardins anglais ("Le désert de Retz", "Suicide girl")… Nicolas Comment s'enroule dans la phrase, se drape dans ses tissus et son champ langagier du velours : "le ruban de la route, aurait-on pu dire, filait dans le rouleau d'une machine à écrire…"
La production et les synthés vintages de Marc Collin viennent faire claquer des cravaches pop über-alles ("Nous étions Dieu") là où se meut, captif et kamikaze, le corps d'une chanson française réduite à la soumission. " À point, saignante ou bleue (ouverte)", la langue désirée par Nicolas Comment fraie aux arrêtes limitrophes de cette mise à sac de la strophe qui, dans une supplique ingénue implore : " Ne me mets pas nue ". Comme dans un film de Bresson, par un jeu de r"sonances, l'écho d'une direction mélodique, les silences confient alors à l'auditeur le soin de signer le tableau et d'imaginer la scène :
un duel au fleuret où les mots et la musique en de parfaits rivaux, nus sur un piédestal, ferraillent à l'aune d'un certain idéal… ////
Fabrice Delmeire,
Rédacteur en chef du magazine RifRaf, Bruxelles.
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(1) Nicolas Comment est également photographe. Représenté par l'agence et la galerie Vu', il a publié de nombreux livres aux éditions Filigranes.
/////(2) Est-ce l'Est ? (Berliner romanze), éditions Filigranes, 2008.
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