Gaël Liardon / Fernand Sarnette - Les marguerites - Video
PUBLISHED:  Aug 03, 2014
DESCRIPTION:
Poème de Fernand Sarnette
Musique de Gaël Liardon

Dès que par bois et par étangs
Le radieux prince Printemps
Met sa parure des vingt ans
A la nature ;
Dès que pour sa grande chanson
L'amour accorde à l'unisson
Les nids du chêne et du buisson
Dans un murmure,
On voit les fervents amoureux,
Comme des pèlerins pieux,
Renouveler, mystérieux,
Les anciens rites.
C'est qu'ils vont pensifs, à pas lents,
A travers les sentiers troublants,
Interroger les fleurons blancs
Des marguerites.

Reines sans or, vous fleurissez
Sans apparat près des fossés,
Sous les arbustes enlacés
Au bord des routes.
Et c'est à vous, craintives fleurs,
Que les amants ouvrent leurs cœurs,
Font confidence de leurs pleurs
Et de leurs doutes !
Suivant au hasard son chemin
Et sans songer au lendemain,
L'amour de sa frivole main
Vous a semées.
Ainsi qu'il vous a fait fleurir,
Par l'amour vous devez flétrir,
Et celles qui vous font mourir
Sont les aimées !

Combien de craintes et de peurs,
D'espérances et de rancœurs
Vous tenez dans vos frêles cœurs,
Vous, si petites !
Pourtant vous laissez les jaloux
Ravir quelque chose de vous
A chaque mot cruel ou doux
Que vous leur dites.
Mais, hélas ! c'est souvent : toujours
Que vous répondez aux amours.
Croyez-m'en, gardez certains jours
Vos lèvres closes.
Au lieu de toujours c'est longtemps
Qu'il faut dire, car le printemps
Sait bien que l'amour n'a qu'un temps
Comme les roses.

Si votre fleur jamais ne ment,
Quand vous murmurez à l'amant
Le dernier mot : passionnément,
Soyez discrètes,
De peur que le printemps jaloux
Ne vienne chanter dans les houx
Que les amants sont aussi fous
Que les poètes.

Genève, 1896.

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