Bertrand Soulier est un héros.
Je l'ai connu on était tout petits pleins d'espoir et d'irraison. Il avait déjà cette élégance singulière et comme une mélancolie en creux, quelque chose de spécial, qui avait l'air de sourdre et de vous contaminer, une mélancolie joyeuse et ironique.
Il sait détester son époque. Et il sait le faire depuis toujours. Il le fait en fumant des Camel, avec son étoile de shérif, son désespoir et son courage. Il a de la férocité à revendre, et de la tendresse tout pareil.
Bertrand Soulier a des cibles et des amours perdues, il déteste l'air du temps, le mou et le fluide, et malgré tout, lui, il est là, il demeure tendre et fidèle, combien de temps Bertrand depuis le lycée au milieu de la cité ?, il saupoudre ses textes de sa tendresse pour les vaincus, c'est une tendresse un peu hirsute, une tendresse de brave, une tendresse qui pique et qui bougonne, elle
est virtuose et parfois agressive, elle est magistrale.
Bertrand Soulier, il écrit, de la musique ou des chansons, il fume, il s'indigne et il aime, le tout exclusivement et sans fin. Et c'est un plaisir spécial, une faveur particulière que le Ciel m'a faite de connaître un type comme ça, un type qui sait si magnifiquement entrelacer acrobatie et insomnie du verbe.
Véronique Ovaldé
