Anaïs KAëL

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"C’est une fille avec deux trémas, mais sans trémolos. Une fille sensuelle mais pas consensuelle. Tendre colérique et douce violente, Anaïs Kaël est une sacrée tête de mule. C’est même le titre de son deuxième album, un disque hors norme, bien dans la continuité des « Chansons coquelicots trashs » qui ont fait remarquer il y a cinq ans cette Montpelliéraine de Ménilmontant à l’écriture singulière et à la voix de caresse endiablée.
Sur des musiques qui swinguent et s’insinuent, guinchent et gambadent, Anaïs Kaël parle d’amour, toujours et sous toutes ses formes. Un vrai « tintamarre de vie » que ce nouvel album. On y parle de jouer jouir plutôt que de couiner et de cuire, bref de vivre et de « s’en foutre cœur joie ». On y croise des vibromasseurs qui rêvent, des fous qui des bandits qui font bondir les cœurs, des grand-mères et des clébards qui hurlent. Le tout croqué à coups de poésie rythmée, de sonorités chahutées, à la syntaxe libre, aux mots crus par-dessus têtes et aux rimes sans frime, brisant le train-train des quatrains sans entrain….
Quand elle était petite, Anaïs Kaël voulait épouser Damon Albarn et chanter comme Fiona Apple. Elle aura réalisé au moins l’un de ces deux fantasmes (devinez lequel…) avec un premier disque qui a trôné, exploit unique pour une artiste autoproduite, dans le Top 50 des ventes de Itunes. Lauréate (parce qu’elle le valait bien) du Grand Zébrock, bardée de premiers prix (Jeunes talents, Sacem, Médaille d’or de la chanson en Suisse) et de premières parties (Voulzy, Moriarty, Diterzi, Emily Loizeau, Bazbaz, Rose, Anis, etc), elle aura donné plus de 250 concerts, bourlinguant de Printemps de Bourges en fête de l’Huma ou en Solidays. Elle qui a fréquenté aussi bien les pianos bars parisiens que le Zénith de Paris, le Divan du Monde que la
Maroquinerie, sait aussi accueillir le public chez elle : tout l’été, elle sillonne la France à bord de sa Caravane à concert : comme une coquille d’escargot rouge vif qui se métamorphose en scène le temps d’un récital enchanteur, entre clavier et guitare. Elle aura ainsi parcouru plus de 20 000 kilomètres à travers une quarantaine de villes pour offrir un tour de chant chaleureux et
farfelu, qui se termine invariablement en joyeux barouf convivial, avec chorale de spectateurs, rythmes de batterie de cuisine et carnaval d’ustensiles divers.
Une tête de mule, oui, mais gaie, émouvante et sans émule. Telle est Kaël. Philippe Barbot