DESCRIPTION:
Le café du coin

Quand tous les soirs après les cours,
on se lançait sur le trottoir,
le plus vaniteux des concours,
de la plus loufe des histoires !

Pour oublier nos H.L.M.,
et le nouveau lycée tout gris !
Pour oublier les heures blêmes !
Rêver, s’évader à tout prix !


Assoiffés d’autres lendemains,
et sans s’arrêter en chemin,
on s’en allait, je me souviens,
déserter ce triste train-train !

On avait pour menue monnaie,
les plus incroyables projets !
Spéculant à tous les futurs,
on allait s’payer l’aventure !


Au vent du moindre baratin,
tout d’suite on sortait la grand' voile !
Un ciel aux yeux, rempli d’étoiles,
et le fond du cœur aux embruns !

Fiers, on partait, joyeux marin,
sillonner tous les océans,
et débarquer d’odyssée en-
odyssée au café du coin !















A pein’(e)vidé le premier verre,
on avait tous des plans d enfer !
Se dégoter, nom d’un klaxon,
un magic bus anglo-saxon !

Ou reboulonner la carcasse,
D’un vieux coucou voué à la casse !
Allez, prête-moi ta mobylette,
que j’fass’(e)le tour de la planète !


Piétinant les sacs pitoyables,
abîmés, jetés sous la table,
on se disait qu’tout était beau,
loin du bahut, des interros !

Braver tous les sommets d’la terre,
et dépasser tous les confins !
On trouvait ça fort salutaire !
A l’ombre du café du coin !


De notre nuage de brume,
avec au bout du nez l’écume,
de cette bière de fortune,
et presqu’aussi ronds que la lune,

on regardait les alcoolos,
qui se noyaient dans leur pernod,
et on jurait par tous les Dieux,
notre avenir bien plus fameux !


Pour célébrer notre départ,
parfois même on fumait l’cigare,
ça chauffait du carburateur,
mais ‘fallait bien rôder l’moteur !

Propulsés par un d’ces potin,
allumés, barrés carrément !
On décollait finalement,
pas souvent du café du coin !


Sylvère Madec