DESCRIPTION:
Denis Dufour
Nautilus [2001] 07'43"68
Réalisation sur ordinateur au studio du compositeur à Crest
Création à Perpignan le 26 février 2002 lors de la saison Écoute Musiques 2001-2002, auditorium John Cage, par Jonathan Prager sur acousmonium Motus.
Réalisation et montage vidéo : Esteban Zúñiga
Conception et scénario : Denis Dufour
Lumière et caméra : Esteban Zúñiga et Hieremu Pinson
Production : Opus 53 et M&T studio
Tournage 2012, Paris ©2016

En composant Nautilus pour des séances pédagogiques, l'objectif de Denis Dufour était de faire entendre et commenter toutes les étapes de la conception à la réalisation de l'œuvre : l'énoncé du projet, l'idée musicale, les prises de sons, les transformations opérées sur le matériau, les montages, les mixages, l'agencement des séquences, les articulations, les variations, les essais intermédiaires... jusqu'au mixage final. Pour cela, il a travaillé sur des intentions simples à expliciter, découlant toutes du titre, Nautilus, nom de ce gros coquillage dans lequel, collé à l'oreille, on peut entendre la mer. De ce mot procèdent autant les matières et les durées des sons utilisés que la construction des phrases ou la structure de l'œuvre.
En effet, en dehors des quelques enregistrements liés au bruit de l'eau (ruisseau, vague, écoulement, clapotis...), le compositeur a appliqué à plusieurs autres sons des traitements qui les assimilent à l'univers aquatique ou marin : voix d'enfants filtrées, grincements de portes qui se transforment en chants de baleine, gargouillis électroniques, etc.

Par ailleurs, le nautile possède une coquille spiralée qui, comme tant d'autres architectures naturelles, serait bâtie selon la proportion du nombre d'or, ce qui n'est pas tout à fait exact malgré les croyances. C'est pourquoi Denis Dufour a tout de même élaboré Nautilus d'après la suite de Fibonacci* en rassemblant des sons (objets sonores, échantillons, trames ou séquences) dont les durées sont calculées selon cette progression : de dix millisecondes pour le son le plus court, puis 20, 30, 50, 80, 130, 210, 340, 550, 890 millisecondes, 1"44, 2"33, 3"77 et ainsi de suite jusqu'à 2'57"11 pour la plus longue séquence qui est un enregistrement des flux et reflux de l'océan.
À cette séquence, présente tout au long de la deuxième section de l'œuvre, sont superposés les vingt autres sons collés les uns aux autres dans l'ordre croissant des durées en commençant par le plus court.

L'introduction de 1'49"46 fait entendre des voix comme émergeant progressivement des profondeurs sous-marines. Additionnant cette durée à celle de la partie centrale le temps est porté à 4'46"57 (1'49"46 + 2'57"11). La troisième partie de 2'57"11 bâtie sur le modèle du flux et d'un reflux, comme une lente respiration, achève l'œuvre d'une durée totale de 7'43"68 (4'46"57 + 2'57"11).

Avec un cadre d'apparence si contraignant, le compositeur avait souhaité faire comprendre à son auditoire que des données mathématiques préalablement établies et rigoureusement respectées n'empêchent pas l'expression poétique, le déploiement du son, ni l'éclosion de l'imagination.

* Leonardo Piasano est un mathématicien du 13e siècle. Il est le précurseur de l'introduction des chiffres arabes en Europe et auteur de la célèbre suite de nombres appelée Suite de Fibonacci : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, 55, 89, etc., où chaque nouveau nombre est égal à la somme des deux précédents, et dont la division d'un nombre par celui qui le précède s'approche du nombre d'or (1,618033...).

Denis Dufour's Scores published by Maison ONA : https://www.maison-ona.com/catalog-composer-Dufour