Seven

Difficile de parler de l'underground (de moins en moins underground d'ailleurs.) Parisien sans évoquer le blaze de Seven. Pièce maîtresse de la capitale en matière de rap lourd et offensif, il revient avec son deuxième album (après Mode de Vie étrange en 2006), intitulé Seul Avec Tous. Biberonné au bitume, fervent amateur de rimes cinglantes et un charisme de bûcheron tout droit sorti des Taïgas russes, Seven a tout pour ne pas faire dans la dentelle. Et on ne change pas la nature d'un homme. encore moins celle d'un artiste sans concession, comme lui.



On le dit haineux, la formule est un peu lourde. Il semble simplement imprégné par la rue et forgé par un vécu qu'il se refuse d'étaler pour se donner du crédit. Mais, après tout, à l'écoute, le vécu d'un bonhomme importe peu (quoi qu'en disent certain.). Attachons-nous donc au contenu. Et ceux qui ont apprécié l'opus précédent ne seront pas dépaysés. C'est sombre, oppressant et l'ambiance générale ne sent pas le monoï et l'embrun marin, mais bien plus les rues crades de panam, bien loin des grandes avenues et de la Tour Eiffel !



Après une intro sonnant le retour du 7, le titre Dir-Tizidakar (vous aurez compris le jeu de mots) nous cueille immédiatement. On se souvient du son très « Lean Back » (modifié pour l'occaz, pour les cainris d'algérie.) sur lequel Larsen et Seven avaient offert l'un des morceaux les plus forts de l'album, La Bougnoule Connection ! Et bien, Seven remet ça sur son nouvel opus. Accompagné d'Alpha 5.20 il s'accapare la Dirty pour en faire un genre à sa sauce. Sa définition : « OK, on est à Panam, donc je ne vais pas faire du Dirty South ! On n'est pas à Atlanta, je vais faire du dirty crouille et Alpha, il fera du dirty cli-cli ! ». Et le résultat est là. À l'aise sur l'instru, Seven se laisse aller sur des punchlines parfaitement distillés et Alpha nous surprend agréablement sur un beat bien rocailleux concocté par Mr DJ Cream, l'architecte sonore du projet. Un voyage Paris-Dakar-Tizi-Ouzou magistralement interprété. Loin de se satisfaire d'offrir un unique morceau coup de poing, Seven récidive avec Putain d'époque, sur lequel il énumère tout ce qui gangrène ce monde pourri ! Agressif et porté par la conviction évidente de l'interprète, ce titre est sûrement l'un des plus poignants de l'album (avec le très bon morceau Une Rose au bout du Fusil avec Souad Ramani).



Côté collaborations, Seven a fait appel entre autres à H-Magum, Kamelancien, Alpha, le chanteur de raï Reda Taliani sur Un Sourire en Or, sans oublier Six Coups MC et Ol Kainry sur Sous La Lune. Très belle association poids lourds d'ailleurs, sur une instru efficace. Pour reprendre les mots de Six Coups Mc : « Le Beat a réclamé des poids lourds, des voix lourdes (.) MC, Seven et Ol Kainry, trois mecs qui te font boire la tasse dans la cuvette des toilettes ! ».



Un deuxième opus violent comme un high kick de Mirco Crocop pleine face et une confirmation que beaucoup attendaient. Certes, il faut aimer le genre, mais le public ne s'y trompera pas, dans son style Seven tient le haut du pavé. Ça sent la rue, mais après tout, quand on choisit 7, on sait à quoi s'attendre ! « Les jaloux vont mourir ! »



Digne représentant du 20ème arrondissement, Seven, a.k.a. l'homme 7, nous propose une virée au cœur de son Mode de vie étrange, produit en totale indé. Après une intro sur un son de Sergio Leone vient ce rap qui donne le titre à l'album, profession de foi du MC, et bonne description de faits réels et sinistres, mode de vie quartiers chauds sous une écriture efficace qui donne le ton de l'album : d'emblée Seven, apparemment la tête sur les épaules, nous immerge dans son univers fait de colère et d'humour. Les prods sont bien taffées, d'une manière générale assez carrées et lourdes niveau basse : on y retrouve principalement la patte de DJ Cream, Krossover, DJ Kaos.



« Lyricsement parlant », le rappeur est plutôt attaché à la veine revendicatrice, critique, et au rap de constat (« Instinct de survie », « Brûler les étapes », « Le Quartier m'a eu »). Mais il se permet des écarts à l'occasion de titres plus détendus comme « Ca fout l'seum », punchy, suivi d'une « Guerre du son » dans le même topo. On remarquera également la nette influence cinématographique sur les textes de« Seven Spielberg » (comme il se fait surnommer au détour d'un morceau), qui puise beaucoup de ses références dans le 7ème art, chose qui apparaît clairement dans « Phone game » (avec Alibi Montana).



Très attaché à ses racines blédardes, Seven parsème son album de titres les mettant en valeur, notamment « Shérazade », ou « Bougnoule connexion » (feat Larsen), drôle et énergique, sur un instru efficace aux tonalités orientales, les MC revendiquant une place digne de ce nom pour les Arabes dans le hip-hop : « Le rap c'est pour les rebeus, les blacks et les toubabs », « pour déchirer y'a pas d'couleurs », morceau qui nous rappelle le « Rabzouz » de la Mafia K'1 Fry. Sur un thème proche, mais plus personnel, « Enfance déracinée » est un des meilleurs morceaux, intime et nostalgique, où Seven fait le point sur son histoire, celle de sa famille, un tableau d'un parcours d'immigration parmi tant d'autres où perce la misère et la dignité, et le malaise identitaire dans lequel beaucoup peuvent se reconnaître.



La liste des featurings est de haute volée, Oxmo (égal à lui-même sur l'excellent « Paris by night », plongée dans le coté obscur de la capitale), Sefyu, Larsen, Intouchable ou encore Rim-K. C'est un atout mais aussi une faiblesse de cet album : 9 des 15 tracks (si on met é l'intro) reposent sur des apparitions, certes souvent de qualité. Mais cela limite un peu le développement de l'univers perso de l'artiste, c'est d'autant plus dommage que les titres où le MC officie en solo sont généralement très réussis. Ce nombre disproportionné de feat. s'explique par le fait que Mode de vie étrange était initialement destiné à être un street album. Notons tout de même l'apparition des 1korruptibles, le groupe d'origine de 7, sur « Hommage », un beau titre fonctionnant sur une boucle piano.



Aujourd'hui, l'artiste a bien arpenté l'underground, chose que la pochette traduit efficacement en le représentant comme une silhouette nocturne. Mais cet opus prouve qu'il mérite qu'on jette un peu plus de lumière sur lui.



-Construction du Label IMPITOYABLE

-Clip "La Rose Au Bout Du Fusil" disponible !!

-Préparation du projet "Sourire Kabyle"

-Clip du morceau "Ouais c Sa" produit par le légendaire DJ CREAM bientôt disponible

-Et beaucoup d'autres news et differentes cooperations et apparitions sur differentes compils.Salam Arleykoom



ROSE AU BOUT DU FUSIL



INTERVIEW SEVEN



DAKAR TIZIOUZOU



Putin d'époque



Zinzin



Yassos & Seven La Loi du bitume



Seven au quartier



TEASER "seul avec tous"



Seul avec tous



Truand 2 la galere



Interview Departement



Mode de vie etrange