De l’éphémère présence des Français qui l’occupèrent de 1612 à 1615, quand les Portugais les expulsèrent, l’état du Maranhão, au nord du Nordeste brésilien, n’a rien gardé, excepté le nom de sa capitale, São Luis, hommage au roi Louis XIII…
Pour le reste, le Maranhão a pour spécificité, d’avoir réussi mieux qu’aucune autre région brésilienne, à fusionner les cultures indigènes, africaines et européennes. Un triple métissage visible à chaque coin de rue et dont le traditionnel « Bumba-meu-Boi» est la plus exemplaire des preuves. Sorte de théâtre musical de rue joué par la population, le Bumba-meu-Boi met en scène un récit, des personnages, des chorégraphies, des chants, des instruments où s’entrelacent les héritages laissés par les trois civilisations fondatrices du Brésil.
Puisque la France s’en était allée, Pedrão du Maranhão, auteur, compositeur, interprète, percussionniste est venu à elle avec, dans ses bagages, sa connaissance et sa pratique du Bumba-meu-Boi, mais également des tout aussi traditionnels Tambor-de-Criola et Tambor-de-Mina. Etabli depuis vingt ans à Nantes, « pour explorer la fusion des continents » il y enseigne les percussions au Conservatoire tout en menant une carrière de musicien.
Produit et réalisé par un autre percussionniste, brésilien de la France comme lui, Silvano Michelino (leader de Tupi Nagô et de Santo Amaro, percussionniste de Henri Salvador, producteur artistique de Bia, etc.) Pedrão do Maranhão enregistre actuellement « Mina » un cd entièrement consacré aux musiques du Maranhão.
“Mina” nous fait voyager dans ce melting pot improbable d’influences, pourtant d’une étourdissante cohérence, où résonnent les racines musicales et des traditions des peuples indigènes, des anciens esclaves africains, des exilés européens. “Mina”, nous révèle un univers insoupçonné de musique à l’état brut, rude et riche à la fois, avec ses rythmes envoûtants et ses polyphonies percussives. Il nous fait découvrir avec une rigoureuse fidélité et justesse, cette facette inconnue de la musique brésilienne.
Dominique Dreyfus
