Monsieur R

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Tag(s):
Location:
FR
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Rap
Label:
diamond
Type:
Indie
MONSIEUR R

HOMMAGE AU CHE GUEVARA



Les rappers français sont matérialistes et obsédés par l’argent. Cette chanson-là, samplée sans cesse dans les médias, on la connaît déjà. Même si elle a sa part de vérité, elle n’est pas pour autant toute la vérité. La preuve ? Des artistes comme Monsieur R qui osent s’aventurer hors des sentiers battus et se confronter à des projets ambitieux, politiques, voire révolutionnaires.

Et comment faire plus révolutionnaire que de se lancer dans un album concept dédié à celui qui symbolise l’insurrection et la lutte armée contre l’injustice, Ernesto « Che » Guevara ? « C’est une idée qu’on m’a soumise lors de la campagne présidentielle », explique R. « Un concert a été organisé à Paris au Cabaret Sauvage, et à cette occasion Olivier Besancenot m’a parlé d’un projet autour de Che Guevara. Je me suis aperçu que moi-même, je ne connaissais pas très bien le Che. Je me suis documenté et j’ai trouvé l’idée intéressante ». Besancenot imagine une compilation d’artistes rap, mais R transforme le projet en un album solo afin d’éviter d’être hors sujet : « Je ne voulais pas faire un album de propagande avec uniquement des morceaux à la gloire du Che. Je me suis demandé quels auraient été ses combats quarante ans après s’il était encore vivant. On a commencé l’enregistrement début mars 2007 et ça a duré jusqu’au 20 août, date d’enregistrement du morceau avec Keny Arkana “De Buenos Aires à Kinshasa“ ».

R ne prend pas le projet à la légère. « J’ai essayé d’être objectif. J’ai lu des livres pro Che, d’autres plus critiques de son action. J’ai vu qu’il avait quitté le pouvoir pour se battre avec le peuple. Je trouve ça important, c’est ce que j’admire en lui. Quand on voit le nombre de dictateurs qui se sont accaparé le pouvoir et qui s’y sont accroché pendant des décennies, comme Castro… Guevara était un révolutionnaire, il avait son côté sombre, il a pris les armes et ce n’était pas un enfant de ch--ur. Mais c’est un type qui a quitté son pays pour aider d’autres peuples à combattre la dictature, qui a la fin de sa vie a été objectif par rapport à la situation en URSS. Ce n’était pas quelqu’un de borné, il a eu beaucoup de conflits avec Fidel Castro, au point que certains historiens pensent que c’est Castro qui l’a livré à la CIA ».

Le parallèle avec la vie de Malcolm X est une évidence pour Monsieur R, qui avait d’ailleurs prévu d’enregistrer « De Buenos Aires à Kinshasa » à trois voix, celle de Chuck D tenant le rôle de Malcolm X face à Patrice Lumumba et Ernesto Guevara. Hélas, Monsieur R rate Chuck D de peu, et le morceau reste un duo, un des titres les plus fort du disque. « J’ai voulu réécrire l’histoire », explique R, « faire se rencontrer Lumumba et Che Guevara alors que Lumumba a été assassiné quelques semaines avant l’arrivée du Che au Congo belge. Je voulais voir ce qu’ils auraient pu se dire, donner un cours d’histoire aux jeunes qui ne sont pas forcément au courant. C’est pour ça qu’avec l’album, il y a un livre racontant le parcours du Che ».

Quand Monsieur R retrouve Keny en studio et entend sa partie, il réécrit son texte. « J’ai écouté son couplet et comme j’avais de l’inspiration, j’ai changé mes lyrics. Elle a écrit chez elle le premier couplet, j’ai réécrit le second en studio, et le troisième on l’a écrit ensemble ». « De Buenos Aires à Kinshasa » est la seule chanson de cet album écrite par R live en studio. Le reste des textes (« Camarade ne pleure pas », « « Le silence tue », « Un peuple uni ne meurt jamais », « Je suis révolté ») a été conçu en amont, fruit d’un long travail d’écriture sans cesse peaufiné. « J’ai énormément écrit à la maison, ce que je ne faisais pas beaucoup » se souvient R. « Après avoir écrit un texte, je le laissais reposer quelques jours pour l’affiner. Une fois que je me sentais prêt, j’allais en studio ». « L’Internationale 2007 » existait avant l’enregistrement du disque. « C’est Fabius qui m’a donné l’idée », explique R. « Pendant la campagne du non à la constitution européenne, il a chanté “L’Internationale“ à un meeting et ça m’a fait bizarre vu que comme ministre des finances, il ne pratiquait pas une politique véritablement de gauche. Et j’ai trouvé marrant de reprendre le morceau en reggae. Ça devait être sur mon dernier solo, je l’ai fait écouter à Olivier et il m’a dit qu’il aimerait bien l’utiliser pour ses meetings. La chanson existait donc avant même le concept de l’album ».

Pour l’inspiration musicale, R se veut international. Logique. On entend des sonorités sud-américaines sur Hommage au Che Guevara, mais aussi du reggae, de la salsa cubaine, des percussions latines. Des musiciens viennent poser leurs solos sur des productions hip hop signées Foks (80% de l’album), Naja Productions (une jeune équipe de Bobigny) et Franky (réalisateur de l’artiste dancehall antillais Krys). « Je voulais que ça garde la patate hip hop, donc toutes les rythmiques sont programmées » explique R. « Ce n’est pas de la world. Le rap s’adapte à toutes les musiques, tu peux t’inspirer de tout. C’est la force du rap, et je trouverais dommage de se priver du privilège qu’on a. On ne fait pas du rock, on n’est pas cantonné à la guitare ! »

Pour l’intro de l’album, c’est le MC de la LCR, Olivier Besancenot, qui se charge de lire un texte spécialement écrit par le sous-commandant Marcos pour le projet. « Olivier a aussi rédigé le livre de poche qui va avec le disque et qui en fait partie intégrante. C’était important pour moi d’avoir ce côté éducatif et historique », précise R. « Et puis il avait déjà fait un morceau sur mon précédent album donc il a pris l’habitude. Et quand tu le vois faire ses meetings, ça n’est pas si loin du rap ».

L’ambition de R, rapper pas comme les autres ? « J’aimerais que ce projet permette à des jeunes de découvrir le Che autrement que par le biais d’un tee-shirt fabriqué en Chine. On réfléchit à un spectacle autour de cet album, une scène qui soit le prolongement du disque ».

L’album Hommage au Che Guevara, lui, sort le 8 octobre 2007, jour du 40ème anniversaire de la mort du Che. Loin du bling bling, mais pourtant plus essentiel que tout ce qui brille. L’album d’un rapper qui fait mentir les clichés et qui nous fait revivre un personnage crucial du 20ème siècle. Le nouvel album de Monsieur R.



Olivier Cachin



CLIP: LE SILENCE TUE



Le silence tue



CLIP: INTRODUCTION PAR OLIVIER BESANCENOT



INTRODUCTION
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