FRED

Location:
PARIS, Ile-de-France, Fr
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Folk Rock / Other
Site(s):
Label:
Saint George
Type:
Major
BIO - MES GRAINES
C’est l’histoire d’un album écrit sur les berges de la Loire, enregistré en partie sur les bords de Seine et terminé sur les rives du Niger. Rien d’un long fleuve tranquille… Un disque aux résonances africaines et aux senteurs de blues, avec du folk épicé et des délices très psychés, des guitares acrobates et des percus nullement percluses. Bref, un disque inclassable, qu’on croirait fabriqué dans un pays imaginaire où jammeraient ensemble Neil Young et Salif Keita, Bashung et John Lee Hooker. Un pays imaginaire ? Il existe, puisque c’est celui de Fred.
Ça fait déjà cinq ans que ce grand gaillard taciturne promène sa guitare autour du globe, parfois en trio mais de préférence en solitaire. Après un essai remarqué de six titres, son premier album, intitulé « Sauter du Nid », en 2003, l’avait d’emblée classé comme une sorte de Ben Harper hexagonal, virtuose des six cordes doté d’un gosier hors du commun. Un « Imbécile heureux », pour reprendre le titre d’une de ses chansons, un intrépide candide capable de réinterpréter sur scène Noir Désir ou NTM, de jongler entre riffs affûtés et amples samples, reggae, rock et bossa, mélancolie caustique et jubilation noire. C’est dans cet équipage que Fred a chanté en première partie de Bashung ou Bénabar, donné plus de trois cents concerts à travers la France et effectué une tournée de trois ans qui ne s’est terminée qu’en février dernier, entre Israël, Palestine et Jordanie.
Il y a une dizaine d’années, Fred, le natif de Maurepas plutôt rétif à la routine scolaire et alors éducateur sportif dans un institut médico-éducatif, décidait d’entreprendre un voyage de six mois en Argentine. Un périple à cheval, le long de la Cordillère des Andes, comme ça, «juste pour le côté désertique, pour le côté physique aussi, se mettre en danger, aller dans des coins inconnus de la planète et des recoins inconnus de sa tête, apprendre sur les autres et sur soi ». Un voyage initiatique qui lui a ouvert d’autres horizons, aussi bien humains que musicaux. Lui qui gratouillait depuis l’âge de 13 ans sur les accords de J.J. Cale ou de Richie Heavens, s’est retrouvé dans un studio à Adis Abeba, a découvert les disques d’Ali Farka Touré et une lumineuse évidence qu’il fait désormais sienne : « la musique ne naît pas que de la musique, elle vient surtout de la vie, du quotidien. »
Pendant la conception de ce deuxième album, reclus dans un appartement avec vue sur la Loire, Fred écoutait Anthony and the Johnsons ou Meeshell N’gedeocello. Une période sédentaire et créatrice, « de triste bonheur ou d’heureux malheur » comme il dit, au cours de laquelle il a élaboré seul les douze titres qu’il a confiés ensuite à Jean Lamoot, le producteur entre autres de Salif Keita, Bashung ou Noir Désir.
Entre Paris et Bamako, calebasses, kora et bruissements de rue, avec la collaboration de Chet pour quelques morceaux, la complicité du bassiste Simon Edwards et du batteur Martyne Barker (« Fantaisie militaire » de Bashung), ainsi que du guitariste et arrangeur Jean-Louis Solans (Souad Massi, Salif Keita), le disque a peu à peu pris forme. « Je ne voulais pas d’un énième album de chanson française enregistré à la maison » avoue aujourd’hui Fred. Pari réussi. Chaque titre de ce disque étonnant, à l’écriture à la fois abstraite et précise, est un voyage à lui tout seul, aussi bien sonore que visuel. Sous ses dehors de baroudeur bourru, Fred est passé maître dans l’art de tourner les détails du quotidien en dérision, qu’il évoque les dangers de trop se démasquer (« Dévoile ») ou ceux de trop se dissimuler sous une carapace (« Imposteur »), les affres de la solitude (« Economie de ma personne »), ou le sentiment inéluctable d’aller à sa propre perte (« Hameçon »). De « Veille », inspiré par le western écologique « Jeremiah Johnson », à « Petit Français », allusion à la situation en Côte d’Ivoire, Fred le bourlingueur de tempo promène sa guitare agile et son pessimisme narquois. « Pas assez d’excitant dans mon Occident » chante-t-il, avant d’évoquer plus loin « la note bleue », extase après laquelle ont couru et courent encore tant d’artistes, au risque d’attraper le bourdon.
Le deuxième album de Fred, ce drôle d’oiseau sauté du nid, s’intitule « Mes graines ». Il y a là dedans tout ce qui le nourrit et qu’il sème à tout vent. De bien bonnes graines, à planter dans tous les jardins.
Philippe Barbot
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