Mark Hollis (Talk-Talk)

 V
Location:
UK
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Experimental / Jazz / Pop
Label:
Polydor
Type:
Major
De ses débuts avec Talk Talk jusqu’à la parution de son premier album solo en 1998, Il a suivi un chemin tortueux : ruptures et déceptions ont jalonné un parcours pourtant considéré comme exemplaire. Porté par son désir d’exprimer une musique intérieure, fragile, au plus proche de l’humain, il a peu à peu quitté la pop/new-wave des premiers disques de Talk Talk pour un style empreint de fulgurances et de vertiges, à la sensibilité exacerbée.



Né en 1955 à Tottenham, Mark se consacre à la musique sur le tard, après avoir suivi une formation de psychologue pour enfants à l’université du Sussex. Marqué par l’explosion punk, il bénéficie du soutien de son frère Ed, manager du groupe "Eddie and the Hot Rods", qui l’invite à envoyer des maquettes pour la maison de disques Island Music. Après avoir formé un premier groupe éphémère, The Reaction, en 1979, il décide de se consacrer à l’écriture pour proposer un projet plus abouti. En 1981, Island lui permet d’enregistrer en studio, avec le bassiste Paul Webb et le batteur Lee Harris. Island organise leurs premiers concerts dès l’automne 1981, et le groupe, nommé Talk Talk est signé par EMI à la fin de l’année, alors que Simon Brenner, claviériste, constitue le quatrième membre.



Pour EMI, Talk Talk doit suivre l’éclosion new-wave et le succès de la syth-pop, en devenant une alternative au célèbre groupe néo-romantique Duran Duran. Mark vit cette contrainte difficilement, mais son vécu musical étant alors presque inexistant, il lui est difficile de se singulariser. Le premier album du groupe, The Party’s Over sort en juillet 1982 : il a composé une série de chansons pop très "easy-listening", qui connaissent un succès fort honorable. Avec le recul, il est difficile de ne pas juger sévèrement ce premier disque : à part Talk Talk et Today, les morceaux sont tous très vite oubliés, l’originalité étant complètement absente. Il doit en effet évoluer dans un genre alors complètement balisé.



L’année suivante est marquée par le départ de Brenner, si bien que le groupe se réduit à un trio lorsqu’il repart en studio à la fin de l’année 1983. Cependant, l’arrivée de Tim Friese-Greene, producteur et claviériste, pour l’élaboration du second disque, va permettre au groupe de trouver une nouvelle sonorité. Il cosigne avec Mark la plupart des nouveaux titres, une complicité musicale évidente s’établissant entre eux. It’s My Life parait en janvier 1984 : la production est beaucoup plus soignée que dans The Party’s over, et les compositions sont nettement plus abouties. Cependant, le disque laisse une impression mitigée. La pop proposée par Talk talk reste légère et mécanique, comme sur le tube "Such a shame". La voix constitue l’atout principal du disque : expressive et souple, elle permet aux chansons de ne pas tomber dans la banalité. Mais l’on ressent bien que le groupe évolue dans un genre qui ne lui permet pas d’exprimer son talent.



Mark vit mal cette frustration de tous les instants. Son expérience musicale est déjà plus importante, et l’apport de Tim Friese-Greene lui permet de composer de manière plus ambitieuse. Talk Talk effectue ainsi un pas en avant considérable avec l’élaboration du troisième album The Colour of Spring, qui parait en février 1986 : si la structure des morceaux reste marquée par la pop, les compositions sont plus libres, plus créatives, formant un disque magnifique. Life’s What You Make It et Living in Another World mettent formidablement en valeur la voix, à travers une instrumentation riche et surprenante. D’autres morceaux comme Happiness Is Easy construisent des ambiances hypnotiques, s’éloignant progressivement de tout carcan. The Colour of Spring réussit en tout cas l’exploit d’être à la fois populaire et exigeant, suscitant un plaisir immédiat à chaque écoute tout en exprimant une émotion intense et durable.



La longue tournée internationale qui suit l’enregistrement de The Colour of Spring s’avère difficile à supporter pour Mark. Il quitte ainsi la région londonienne pour partir s'isoler dans le Suffolk, à la recherche de ce qui me manque profondément. En collaboration avec Friese-Greene, il compose Spirit of Eden : deux ans et demie sont nécessaires à l’aboutissement d’un disque qui comporte de grandes parts d’improvisation. Pour lui, il s’agit désormais de faire vivre la musique, de bâtir des structures complexes et riches : il effectue ainsi de nombreuses répétitions, invitant les musiciens ( cordes, vents.) à exprimer ce qu’il ressentent. Spirit of Eden est donc un disque de rupture. Mark s'est éloigné du monde de la pop : marqué par des compositeurs tels Debussy, Ravel ou Messiaen comme par le free-jazz, il s’attache à créer une musique expressive tout en étant très intérieure. Les respirations sont essentielles, laissant apparaître la fragilité de l’être. Les six morceaux du disque expriment également une souffrance intense mais retenue : la révolte est omniprésente, d’autant plus digne qu’elle est contenue. Spirit of Eden est constitué de contrastes saisissants, notamment dans Eden et Desire : l’émotion y est cristallisée et inoubliable. Le sommet du disque est cependant I Believe In You, morceau dont le titre entre en résonnance avec le I Don’t Believe In You sur l’album précédent. Sur une rythmique lancinante, la voix est soutenue par une chorale d’enfants. Le résultat aurait pu être mièvre, il se révèle bouleversant de sensibilité. L’album est, logiquement, mal accueilli par EMI qui décide de diffuser une version abrégée de I Believe In You. Furieux, il décide de quitter la maison de disques. Ainsi, quand Spirit of Eden est enfin commercialisé, au début de l’année 1988, l’ambiance est délétère entre le groupe et EMI. L’album est un échec commercial : là encore, ce n’est pas surprenant, son revirement n’ayant provoqué qu’incompréhension et désintérêt.



Après Spirit of Eden, il décide de poursuivre la recherche musicale qu'il a entamée. Trois ans sont nécessaires à Talk Talk pour aboutir à l’enregistrement de Laughing Stock, qui parait en 1991 grâce à la maison de disques Polydor. Contrairement à son prédecesseur, Laughing Stock est un disque apaisé, également plus mature. Composé de six morceaux, il apparait comme fascinant et considérablement abouti. Sprit of Eden était un disque à l’émotion brute, exprimant une rage immédiate. Laughing Stock est plus universel et forme un ensemble d’une grande cohérence. Les titres ouvrant et clôturant l’album, Myrrhman et Runeii, sont magnifiques de simplicité. After the Flood et New Grass sont deux morceaux sublimes : la voix est fragile, unique. Sur Taphead, une envolée de cuivres marque une respiration magnifique : les instruments échangent, et la phrase culmine sur une dissonnance d’une grande expressivité. Laughing stock apparait comme l’aboutissement d’une recherche, la fin d’une aventure humaine et le groupe se dissout peu après sa réalisation.



Mark commence alors une longue période de retrait, tandis que Harris et Webb participent à plusieurs projets. Ce n’est qu’en 1998 qu'il sort son premier album solo, sobrement intitulé Mark Hollis. Il s’agit d’un disque au moins aussi important que les deux derniers Talk Talk : l’instrumentation est plus épurée, la place du silence est essentielle, et ces compositions se rapprochent plus de la musique contemporaine. Humilité et sensibilité sont les deux mots qui dirigeaient le disque. Il essaie de produire une musique qui ne s’impose pas : discrète, fugace mais indélébile, mais si possible indispensable. Watershed est absolument magnifique de sobriété : une phrase simple, les notes qui descendent peu à peu pour former un ensemble qui émeut profondément. A life est le morceau le plus aventureux et le plus complexe du disque : l’instrumentation est soignée, les rythmiques sont là encore formidablement expressives. Pour exprimer l’impact de ce disque, il suffirait cependant d’évoquer le début du premier titre, The Colour of Spring (encore un clin d’oeil !) : quinze secondes de silence majestueux, puis un premier accord. Un accord plaqué qui résonne, qui se suffit à lui-même, et qui laisse une impression d’absolu que seule la musique peut procurer.



Depuis 1998, Mark est en retraite musicale : trop de rancoeurs sans doute, et aussi le sentiment d’avoir beaucoup donné alors qu’on lui a peu rendu.



source : http://jamrek.com/SPIP-v1-7-2/article.php3 id_article=17



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