Little Jane : à entendre le nom du groupe déodatien formé en janvier 2006, on imagine volontiers les méandres d’une jungle aux fougères hautes et aux lianes enlacées, des espaces largement inconnus, sans aucun repère fiable : monde dépourvu de toute rationalité apaisante, espace hors du temps… C’est dans ce monde hostile, sans toit ni loi, que vit - survit ? - vaille que vaille la petite Jane, sur la courbe de jours fragiles et incertains, effilant son fil ténu à travers les échos de ses propres pas.
A travers ses textes, Little Jane se joue des histoires convenues et retranscrit, en revisitant le personnage de Burroughs, sa propre vision d’un monde entre tensions et apaisement, détresse et extase, spleen et délivrance. Le groupe travestit le mythe pour mieux déplacer Jane, son personnage récurrent, du monde végétal des forêts tropicales au milieu asphalté des mégalopoles. De l’humidité de l’humus à l’inhumanité des guerres citadines et de ses folies ordinaires.
Style alliant puissance, sous la mise à feu des pyromanes batteur et bassiste, nervosité des cordes, fines comme des archets, lourdes comme des couteaux, rage à l’hémistiche d’une voix caressante, chatoyante, rugissante, entre enfer et rédemption : le style de Little Jane, résolument rock, s’attache à onduler sur une vague haute en couleurs et émotions, frange indécise entre le sable et l’eau. Baigné par Pink Floyd, dans le flux et reflux des ondes de Bowie, sous la houle des chants déchaînés d’Alice in Chains, dans l’œil du cyclone, sous un Noir Désir, Little Jane s’imprègne de ses influences pour mieux s’en détacher et imposer son propre style, son propre monde et son propre credo.
