Gage

Location:
Montréal, Québec, CA
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Soul / R&B
Site(s):
Label:
Media Angel Dust 2.0
Type:
Indie
Gage - Pardonne-moi



C'est au printemps 2005, il y a trois ans déjà, que le public apprivoise sa Soul, pourtant réputée rebelle. Une Soul racée, hybride, fruit des amours illicites entre la grande musique noire américaine et les rythmes caribéens. Cette Soul, c'est celle de Gage. À l’aube des beaux jours, en ce printemps 2008, voici déjà venu le temps des nouveaux défis, de l'émancipation, de la confirmation aussi. Le temps de changer. Changer de cap, changer d'équipe, écrire un second chapitre, avec autant de pages blanches à remplir. Pour Gage, tout commence aujourd'hui.

Changer le monde. Ainsi donc, s'annonce le Gage nouveau. Un titre symbole, un hymne, et une posture inédite pour celui que l'on voyait discret, que l'on jugeait flegmatique. Et voilà qu'on le découvre impliqué, conscient. Un jeune homme ancré dans une réalité, en accord avec sa génération. "La terre nous fait des siennes et fait signe qu'elle est fragile. Ne l'entendez-vous pas nous dire de réagir ? Mais qu'attendons nous pour nous assagir ?", lance-t-il en préambule, dans un tourbillon de cordes martelées et de cuivres sentencieux. Sans prétention ni emphase, lucide sur la portée de son message : "Je ne peux pas changer le monde, tout réinventer, je sais qu'au fond c'est à moi de changer".

À l'image de ce premier titre, on sait qu'un virage vient inéluctablement d'être pris par le jeune artiste montréalais. L'homme a mûri, le chanteur, lui, a pris une dimension nouvelle. On garde bien sûr en tête la candeur des débuts, et l’aisance avec laquelle il s’immisça sur les ondes, armé, il est vrai, de quelques refrains implacables (Trop Fresh, Pense à moi.). Aussi à l'aise sur scène que sur les plateaux télé, ses prestations remarquées bâtiront quant à elles sa réputation d'interprète hors norme. Car rares sont les artistes à pouvoir se frotter à des classiques de la trempe d'un Purple Rain ou d'un Superstition. Gage, lui, les survole… et affirme peu à peu son style. La critique adhère (nominations aux NRJ Music Awards et au Gala de l’Adisq), le public suit (un premier album certifié disque d’or). Mais la reconnaissance et la réussite peuvent griser autant qu'elles déstabilisent, affectant, au passage, les relations humaines. Gage n'évitera pas certains écueils, qui seront le point de départ d'une véritable remise en question artistique.

Longtemps, il tâtonne, à la recherche d'un nouveau style, en quête d'un nouveau souffle. C'est à cette période que Gage succombe au phénomène Amy Winehouse. Bluffé par le travail de production effectué par Mark Ronson aux côtés de la diva britannique, il en profite pour se replonger dans les vieux standards Soul des 50's et 60's. Élan nostalgique ou signe du temps, c'est en tout cas ces trésors oldies qui l'amèneront à explorer un registre musical aventureux et ambivalent.

Un pied dans le passé, un autre dans le présent, Gage balance entre tradition et modernité, à l’image de ce Dimanche aux sonorités organiques. L'insularité chevillée au corps, il ne peut se résoudre à s'éloigner trop longtemps de ses origines haïtiennes et jamaïcaines. Mais là encore, son Reggae tutoie un Rocksteady délicieusement suranné (Ailleurs, Sous Les Etoiles). Quand enfin, il choisit de faire revivre la tradition Tamla Motown le temps d'un duo rafraîchissant (Tu Peux Choisir), c'est Vitaa qu'il convie.

Son discours, quant à lui, a sensiblement évolué. Plus introspectif, c'est dans l'intime, le vécu, les plaies encore ouvertes et les accidents de la vie qu'il trouvera une inspiration nouvelle. Plus investi aussi (il participe à l’écriture et à la composition de plusieurs titres de l’album), il parvient, désormais, à mettre des mots sur ses maux. De la relation conflictuelle avec ce père absent (T'étais Où?), à la douleur d'une amitié qui s'éteint (Mon Frère), Gage se raconte, sans fausse pudeur, à demi-mot, égraine ici ou là ce qu'il faut d'indices, mais jamais totalement, ne se dévoile. Et c'est seulement lorsque qu'il se glisse dans la peau d'un autre (Pardonne-moi, le premier extrait), qu'il parvient à s'abandonner totalement. Servie par une production impeccable, sa voix, d'abord contenue, atteint alors des sommets vertigineux, insoupçonnés. On prend ainsi la pleine mesure du chemin parcouru, du travail accompli. La trentaine sereine, tel nous revient Gage : en paix avec lui-même, en phase avec son art.



Live au Club SODA de Montréal février 2007
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