Dans le coeur de Cali nage une truite, animal sauvage et ambigu symbolisant ce que l'on ne domestique pas, ce que l'on ne soumet pas, sinon au bout d'une lutte acharnée pour la vie à tout prix.
Le ton est donné, Cali est de retour.
Une truite certes, mais une truite arc-en-ciel, aux couleurs multiples de l'Amour, de la peine, de la rage, de la joie, malgré le marasme étouffant et l'égoïsme moderne.
Ce quatrième album, Cali le catalan l'a conçu plus personnel, plus brûlant aussi. Comme un témoignage en forme de main tendue vers les autres, souvent ouverte, parfois fermée en poing serré.
Entouré de sa garde rapprochée (Julien Lebart aux claviers, Blaise Margail et Nicolas Puisais aux cuivres, Philippe Entressangle à la batterie), Cali a réalisé ce nouvel album avec son ami belge, ‘demi-dieu’ de la guitare, Geoffrey Burton (Arno, Bashung, Higelin, Iggy Pop). Deux autres membres du trio Hong Kong Dong, Sarah et Boris Zeebroek, éclairent l’album de leurs choeurs angéliques, tandisque le violoniste irlandais Steve Wickham (The Waterboys, U2), le bassiste de Deus Alan Gevaert et l'ingénieur du son Erwin Autrique complètent cette magnifique et insolite entente catalano-belge.
L’équipe constituée s’est attelée à la conception du nouvel album à l’approche de l’été, dans une ambiance studieuse mais enjouée, douchée de vin, gorgée de soleil et nourrie de grillades catalanes. Les treize titres de «La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur» ont été enregistrés à Rivesaltes, près de Perpignan, au studio de Cali. Neuf chansons inédites apparaîtront sur un autre album dans une édition dite «généreuse», sous le titre «Vous savez que je vous aime».
La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur
Aujourd'hui, la production de Cali sonne définitivement rock. On y entend l'héroïsme de U2, le versant ‘anthémique’ d'Arcade Fire, ou encore du Nick Cave, du Joy Division, et même l'expérimental de Yo la Tengo. On y retrouve Léo Ferré, à qui plusieurs titres du disque rendent un hommage vibrant, non dissimulé. On plonge dans cet album, puis on nage entre deux, trois, treize courants ; on touche le fond, on remonte et on respire à nouveau. On ressort, enfin, remué, couvert d'écume. heureux.
On enlace le passé, on repense à ces années minables de solitude et de détresse où l'on se rêvait droit, pur et courageux.
On aurait tant aimé lever les bras et les tendre à la vie, qu'elle nous embarque loin, très loin («Cantona»), on pleure les proches perdus, rongés par la malheur («Je vais arrêter de boire»), on étreint l'utopie («Nous serons tous les deux»), on pleure sur l'injustice de nos dirigeants, on implore un peu plus d'humanité, mais la colère n'est jamais loin («Lettre au Ministre du saccage des familles et des jeunes existences dévastées»).
On court éperdument après «L'amour fou», on se rappelle les moments insouciants où l'on savait que la mort n'existait pas et puis on espère, oui toujours, l'espoir brûlant est là.
Et puis on court, encore, après l'absurde vie, qui nous file entre les doigts telle une truite sous un rocher.
Enfin, quelque part au détour d'une sombre ruelle, on se surprend à épier «Madame Butterfly», jadis si belle. Elle a perdu l'amour et on la laisse seule s'échouer au fond d'une nuit de chagrin.
Avec «Mille ans d'ennui», on retrouve l'amour de jeunesse, le premier, le seul (?), pillé par un autre ; c'est une vie tracée vers les étoiles qui nous passe à côté, encore.
Alors on va cracher sa rancoeur avec d'autres solitudes dans le bar du tombeau…
«La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur» est un album libre, un album de sentiments et d'Amour.
Cali a une truite arc-en-ciel qui nage dans son coeur. Une truite, comme un symbole de ce qui habite cet homme déroutant de sincérité, de ce qui remplit son âme et hante ses nuits : l'humanité.