Blah Blah

Location:
FR
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Rock / Garage
Site(s):
Label:
KS
Type:
Indie
BLAH BLAH Épisode 1

6.30 a. m. L’inconnu quitte le parking du Days Inn égaré à mi-distance d’Albuquerque et de Gallup, au volant de sa Oldsmobile 442 Cutlass blanche. Il grimpe sur l’Highway 40, direction Flagstaff, Arizona. Le Smith & Wesson glisse discrètement de sa veste au profond vide-poche sous le tableau de bord.

Du pouce et de l’index, il se frotte les yeux. Pour se tenir éveillé, il cherche une station musicale sur l’autoradio antédiluvien. Il saute d’émissions locales en grésillements lointains, de Cinnamon Girl à War d’Edwin Starr avant de tomber sur un air entendu lors d’un bref séjour en France. L’interprète se contente d’un bref Blah-Blah aimablement persifleur. Comme une parodie inachevée qu’aucun génie n’a pu rêver. Une boutade ? À moitié. Blah-Blah est un appât punk accoutré d’une panoplie de Batman lancé comme un leurre pour ferrer les cow-boys solitaires en quête de l’Eldorado. Une figure de style pour stigmatiser les habiles manipulateurs qui monopolisent l’attention en parasitant constamment les médias. Le rock’n’roll a encore valeur d’engagement, pour preuve cet hymne à la résistance. Une prise de conscience salvatrice avant que l’irréparable ne soit commis.

La fin de Blah-Blah tombe comme une guillotine, l’animateur enchaîne immédiatement pour annoncer brutalement, sur un ton protocolaire, que le “King Is Dead” et que l’hommage va se poursuivre avec deux titres pyromaniaques au format King Size !



BLAH BLAH Épisode 2

Une lueur orangée commence à envelopper les White Mountains au nord à l’instant où une guitare déverse son flot de wha-wha par les deux haut-parleurs encastrés de chaque côté du tableau de bord. Mummy s’invite sur le siège passager, drapée dans un jeté satiné, tissé par l’orgue reptilien. Tout en se dandinant, elle lance des regards enamourés au tueur à gages qui, derrière son volant, au bout de trois mesures, daigne esquisser un sourire. Il avait oublié combien sourire est agréable depuis le temps que ça ne lui était pas arrivé. Mummy, rassurée, exagère ses mouvements. Puis tout à coup, elle attrape la tête d’Harry Powell à deux mains et l’embrasse à pleine bouche ! Harry la repousse promptement du bras. Il n’a jamais su faire la différence entre amour et haine. Les sentimentaux ne font pas de vieux os dans ce bizness. Il jette un regard vide à Mummy une dernière fois, calmement, il se penche en avant, agrippe le revolver, le sort du vide-poche, met en joue sa passagère et lâche un énigmatique “T’as mal choisi ton moment pour la bagatelle” avant de faire feu. Mummy disparaît, comme évaporée.

Pas surpris par ce qu’il vient de se passer, Harry en a vu d’autres. Des plus invraisemblables ! Il remet la sécurité du Smith & Wesson avant de le poser sur le siège où dodelinait la mystérieuse créature quelques instants auparavant.

BLAH BLAH Épisode 3

Une autre mélodie. Une autre cigarette.

Harry Powell allume une blonde sans filtre alors qu’arrivent en guise de préliminaires les arpèges panoramiques de Bad Time For Love, une chanson ambrée qui dégage un goût boisé et des odeurs tièdes de sexe. Bad Time For Love incarne avec délices et perversion “l’ultime fois avant de se séparer, en souvenir”. Charnelle et mélancolique. Bad Time For Love effeuille les souvenirs intimes, pas les regrets. Une ode à l’amour en panavision !

La guitare crève l’écran. Plan large sur le bord de la route où des garçons sauvages lancent des cailloux sur deux hères faisant du stop. Harry s’arrête, range l’arme dans sa veste et prend les clochards célestes à son bord pendant que les marmots s’enfuient à toutes jambes à travers la plaine. Accompagné, la route lui semblera moins longue.

11.45 a. m., la Oldsmobile s’immobilise sur le parking de la Mataya’s Shell avant Gallup. Les trois compères entrent dans le bar pour se restaurer. Alors que les dernières notes de Hey Hey My My se fondent avec une voix féminine qui proclame “The King Is Dead”, les compagnons de route prennent place à une table en formica rouge près de la vitre donnant sur les pompes à essence. Seconde fois depuis ce matin qu’Harry entend l’annonce de la mort du Souverain. À l’instant même où l’animatrice annonce le programme spécial à venir, la porte du bar s’ouvre en claquant, Harry se jette à terre par réflexe en empoignant son arme qu’il braque instinctivement sur le colosse balafré qui vient de commettre une entrée théâtrale remarquée !

Il n’aurait jamais dû…

Jamais quand Harry Powell est dans les parages…

Super Size Me
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