Badié

Il est toujours embarrassant et reducteur de mettre un nom sur un style sonore , de categoriser un artiste et sa musique surtout lorsque l'etiquette que l'on vise a apposer s'avere serieusement galvaudee . "Element Terre " premier opus inspire de ce jeune franco-ivoirien s'impose comme une fine et pertinante perle groovesque .
Ici pas de samples mais des compositions et des arrangements simples sur lesquels se deversent des textes fluides emprunt d'une maturite impertinante . Les paroles de Badie sont a son image , metisses . Il sonne juste quand il conte les travers, les folies de notre monde mais aussi la beaute, que l'on decouvre en grattant la crasse d'une societe pervertie et injuste et qui se revele sous les traits radieux de la Femme , de l'Amour.
Au gre de rythmes reggae , soul et pop-folk savamant maitrises Badie swinge son aversion envers le "shitsteme" babylonien qui brise les hommes mal-nes ( c'est a dire du "mauvais" cote des peripheriques ) et aneanit la nature , pousse les freres a la revolte , a crier encore plus fort leur refus d'un monde ou les hommes sont "conditionnes a trimer et a la fermer ".
L'esprit de Bob Marley plâne sur cet album qui fait echo et porte de multiples references au prophete du Tiers Monde que fut le leader des Wailers ( le Sherif John Brown , l'esprit duppy , les violences policieres.). Badie perpetue cette roots attitude en fesant siennes les grandes revendications du Lion Rasta : la celebration de l'Afrique Mere ( Le village des ancetres ) , le pouvoir mystique des elements ( Aze ) , le retour aux sources ( loin du beton ).
Accompagne de sa guitare seche , il nous fait partager sa quete d'horizons lointains , de soleil et de nature , nous invite a le suivre sur des routes menant loin de la grisaille urbaine , esquisse un portrait image de L'âme soeur et nous plonge dans l'ambiance suffocante de sa Roots Soul Party .
Une belle aventure acoustique qui se clot sur une note optimiste lorsque Badie exhorte les meres a "secher leur larmes" et rappelle que "le premier remede , c'est d'y croire , c'est d'y croire".
Apres une fin de voyage sur ses origines Africaine, Badié remet son carnet de bord à zéro pour une destination plus urbaine, à l'image de son quotidien.