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Location:
Et
Type:
Artist / Band / Musician
Genre:
Rap / Hip Hop / Tropical
Sur la pochette de son premier album, « J’épargne Personne », on voit le jeune MC Ynnek penché au-dessus d’un chaudron qu’on imagine en ébullition, et sur ce sinistre récipient fumant sont gravés les symboles des trois monothéismes. Le ton est donné. Et si vous aviez encore un doute sur les intentions de ce « new comer » originaire de Seine St Denis, les premières mesures de la chanson « J’épargne Personne » sont sans équivoque possible. Sur un son en cinémascope, Ynnek avide de métaphores crues et rugueuses, lâche des punch line au kilo, avec un flow chirurgical. Dommages collatéraux garantis. L’homme, qui préfère l’étiquette d’artiste à celle de rappeur, a quelques comptes à régler avec le milieu du rap hexagonal qui l’a parfois boycotté, souvent snobé.
Les portes fermées, les galères personnelles, les sites Internet corrompus n’ont pas entamé sa détermination.
Avec deux street Cds à son actif, vendu presque de la main a la main, avec des productions maison, il occupe le terrain et affûte son instinct de chasseurs de rimes. 1000 cd pressés, 700 de vendus, des scènes en Martinique. Ynnek apprend sur le tas, sans soutien, réseaux et coups de piston.
Il a baigné dans une culture musicale plutôt éclectique, reggae, soul et R’N’B, loin des clichés du rappeur nourri exclusivement au rap. D’ailleurs, le rap, il l’a découvert sur le tard. « C’était Panthéon de Booba. Le disque m’a retourné le cerveau. » Avec « J’epargne Personne », premier album officiel produit par la structure Diez Music, Ynnek s’impose comme un étonnant et détonnant lyriciste. Qu’il pointe du doigt les travers et errements de la vie de rue ou les complexes rouages de la Franc Maçonnerie et les guerres tranquilles avec des armes silencieuses (silent weapons for quiet wars) des Illuminati, son discours sans fioriture ni ornements sonne toujours juste. Un brillant album concept, qui s’ouvre sur une intro de destruction massive et le morceau éponyme. « Le titre J’Epargne personne plonge directement l’auditeur dans le côté sombre de mon univers, du disque, avec la critique des quartiers, des institutions, des références au 666 ». Porté par la puissance de feu du duo de beatmaker Explicit beats, il accouche d’un « PFF » « caniculaire polaire », et le MC qui a le sens de la formule d’en rajouter.
« Soit t’as le bitume dans le sang, soit tu laisse ton sang sur le bitume. J’ai résumé toutes les situations possibles de choses qui me révolte. » Sur « Néant », la pression monte d’un cran. Les phases sont plus dures qu’un règlement de compte entre maffieux ukrainiens. A travers les « phases vaudoues, les couronnes mortuaires, l’asile, le diable, la matrice » Ynnek explore l’incarnation du Mal.
Pertinent, impertinent, railleur, provocateur, Ynnek débarque sans carte d’invitation dans un rap game hébété. « J’explique aux rappeurs que j’arrive. C’est un exercice de style, presque une performance. Ma conception du truc. » Un interlude très subtile permet la transition vers la deuxième partie de l’album. Le disque a été pensé, réfléchi, conceptualisé, cogité. Pas du boulot d’amateur. On passe de la rue aux Illuminati, aux guerres de religion, car Ynnek a un œil braqué sur les dérives de l’époque et les sombres évolutions d’un monde totalement corrompu et corrupteur. Et la tension de toujours monter. Dans le genre parano et dark, « La Mort au bout du fil » vaut son pesant de tranquillisants ou d’antidépresseurs au choix : Ynnek bâtit toute la structure du morceau autour du champ lexical de la Mort.
Avec « Après un joint », écrit il y a deux ans déjà, Ynnek propose un morceau à l’introspection douloureuse. « C’est le morceau le plus triste de l’album. Beaucoup de mélancolie et d’amertume. J’étais perdu, je doutais énormément. » Questionnement et respiration, avant la déflagration « Permutation ». « J’y évoque le nouveau désordre mondial, la main mise des francs maçons, avec le rappeur Dissonance. C’est une attaque en règle contre le système. » Avec « le Message », Ynnek prouve qu’on peut être un MC hardcore et rapper sur des productions mainstream. « Je pointe du doigt l’hypocrisie des jeunes et celle du système. Le message est simple. Les gens n’ont plus de principes, de valeurs. L’état et les jeunes sont complètement corrompus. » Ynnek lance une deuxième sommation avec « Tu Crois qu’on Plaisantait ». Le style est identifiable à la première mesure. Pas de doute, l’empreinte digitale retrouvée sur la page du cahier appartient à l’artiste de Neuilly-sur-Marne. Et pour clore l’album en apothéose, deux énormes morceaux. « Le Blues de la Rue », presque une ode a la rue, suintante d’intelligence et d’émotion. Et si vous n’êtes pas encore tout à fait Knock out, « Mécréant » a l’effet d’un uppercut d’Ali dans la face de Georges Foreman à Kinshasa. La fin d’un monde en une poignée de mesures assassines. Un morceau comme on entend rarement. Sombre, brut, sans concession. Excessivement bien écrit. Atypique, original, avec un taux de lyricisme dans le sang avoisinant dangereusement l’infraction pénale. A peine 21 ans et Ynnek a déjà réalisé ici un premier album cinglant, puissant, d’une rare maturité. Un album qui n’épargnera personne. Le chaudron est brûlant et le cuistot virulent. Bienvenue dans le monde d’Ynnek.
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