Randy Brusseto

Quelques années après avoir poussé son premier cri en apprenant le décès de Gaston Defferre (des historiens prétendent que cela pourrait également être dû à sa naissance), le petit Randy fut intégré à un élevage en batterie, où il fut nourri jour et nuit des riffs de congas de Ray Barretto et des drums de Big Sid Catlett. Une fine couche de corne ayant fait son apparition sur ses deux mains, Randy décida de suivre les conseils de sa manucure, et d’évoluer ainsi vers la pratique d’instruments moins éprouvants pour ses petits ongles. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Le Noël suivant vit débarquer LE clavier Bontempi – avec micro intégré – dans la chambre du rejeton, et donc les premiers massacres d’électro-jazz de l’Histoire. Malgré les lettres de découragement reçues de la part de St Germain ou encore Jazzanova, Randy poursuivit ses expérimentations, n’hésitant pas à créer lui-même ses instruments, notamment à partir des élastiques de son appareil dentaire. Adolescent du XXIè siècle, il comprit rapidement le potentiel créatif que dégageait l’apport des nouvelles technologies, et fut happé par la grande vague de House music qui déferla sur l’Europe au début des années 2000. Déçu par le faible impact sur ses camarades de classe des créations d’artistes tels que Blue Six, The Rurals, Atjazz, Fred Everything, Roy Davis Jr., Ian Pooley, ou bien encore Mateo & Matos, Randy sauta le pas. Il était temps de devenir DJ, et de bâtir sa renommée cantonale. Il ne fallut attendre que quelques heures pour que le jeune homme se forge une solide réputation d’artiste controversé. Hué par ses voisins tel un Marco Ferreri présenté au festival de Cannes, Randy comprit que diffuser la musique de Chicago ne pouvait se faire qu’en présence d’adultes consentants. Voilà pourquoi - au grand soulagement de ses parents - il entama sa première grande tournée hors-chambre dans un bar valentinois, « Le Tube », à l’heure du succès grandissant de compilations telles que Barfly, Café Noir, Nite:Life, Hi Jazz, Serve Chilled ou bien encore Carte Blanche. Présentant une absence totale de dextérité pour des activités comme le sport ou le dessin, Randy se rendit à l’évidence : poursuivre dans le deejaying apparaissait comme le seul moyen viable de séduire les filles qui le dénigraient à l'époque. Élargissant régulièrement sa culture musicale, affutant chaque jour sa technique, ses sets devinrent presque appréciés de la clientèle des divers établissements qui l’ont vu trembler sur les faders. Ne désirant pas en rester là, il tenta de raccrocher avec la production. Faisant le deuil – à regret – de son kit Bontempi, bien aidé par d’autres humanoïdes à fines oreilles, il bâtit ses premiers patterns, et produisit ses premières cacophonies acceptables sur un label britannique, Queep (UK / R.I.P.). Voyant son agenda se remplir avec autre chose que des devoirs scolaires, il fut ainsi amené à jouer aux 4 coins du… de la municipalité, et même un peu ailleurs, notamment dans des endroits curieux où les gens ne parlaient qu’en étranger. Se la jouant puriste, il se paya même le luxe d’apparaître sur des labels dont il collectionnait les disques jusqu’alors tels qu’Unified Records (USA) ou bien Soulstar (GER). Subissant au cours de ces dernières années la crise de la deep house dans l’hexagone, et donc les plans de rigueur budgétaire des établissements de nuit – ces derniers n'étant donc plus en mesure de décaisser le montant exorbitant de son cachet – il occupe désormais son chômage technique à soigner son temps d’expression hebdomadaire sur la radio montréalaise Motion FM. S’initiant en parallèle aux arts portant un autre numéro, il s’adonne depuis peu à la photo, mais préfère souligner les reliefs des espaces et des objets plutôt que ceux dessinés par les nano-jupes revêtues par le sexe opposé. La photo, mais aussi l’écriture, comme la rédaction plutôt bancale de biographies de jeunes artistes sans intérêt.