The Hillbilly Moon Explosion

"Rockabilly is the Next Big Thing !" (Quentin Tarantino)
Bien envoyé, Quouennetine, j'ajouterais, pour mettre les points sur les i : "Rockabilly is the next big thing, Motherfuckers !"
- Depuis quand n'avez-vous pas entendu, dans une chanson, "Cadillac" rimer avec "Heart Attack" ?
- N'êtes-vous pas saturés de beats digitaux et d'electro molle ?
- Saviez-vous que la Confédération Helvétique a autre chose à proposer que des banques feutrées et des prisons pour cinéastes septuagéniaux ?
- Robe bustier à pois sur bas résilles, Chemisette, 501 à revers hauts, queue-de-cheval, Crew Cut, Contrebasse, Gretsch demi caisse Chet Atkins Relic, Drapeau à damier, Hot Rod Car, Betty Page, Gomina, Tiki Bars… Ces mots vous évoquent-ils des souvenirs enfouis ?
C'est en Suisse que cette collection de fantasmes d'americana fifties est née ; dans la vieille Europe, ça ne date pas d'hier, la préservation des valeurs essentielles du Rockn'n'Roll a toujours été vivace, et l'éloignement géographique renforce les liens avec un univers rêvé, imaginé, et désormais documenté par le web.
D'une paire de groupes évoluant dans cet esprit va naître The Hillbilly Moon Explosion, au tout début des années 2000.
Le temps de quelques évolutions de personnel, le combo s'aguerrit dans les clubs enfumés où les boissons d'hommes coulent à flots, et sort en 2002 un premier album au titre en forme de pléonasme : Introducing The Hillbilly Moon. Un deuxième album racé sort en 2004, sous l'appellation Bourgeois Baby, puis un mini album de raretés conduit les rockers alpins vers une notoriété de bon aloi dans les milieux où l'on sait apprécier les chansons qui savent se tenir sous les trois minutes, la twanging guitar, l'écho à volonté, et la rythmique tricotée par une caisse claire percutante et une contrebasse volubile.
A la guitare, au chant, et aux talons aiguilles, Emanuela Hutter convoque la mémoire d'une Ivy Rorsach de rigueur, mais quand elle chante, on pense à Patsy Cline ou Loretta Lynn, pour les accents country délurés. Duncan James tient la guitare solo, Oliver Baroni chante et manie la slap bass, quant à Luke "The Puke" Weyerman, il sait comme personne cogner sur son drum kit en même temps qu'il s'allume une Lucky.
Ces gens revisitent le son d'une décade prodigieuse, celle des débuts du rock'n'roll. Ils n'étaient pas nés, mais ils en ont compris l'esprit. Mais surtout, ils ne sont pas des revivalistes bornés : s'ils jouent avec les codes, vestimentaires et musicaux, ils n'en sont pas dupes. Ce sont des enfants des années 2000, ils ont digéré toute la pop culture, leur son a infusé les Cramps comme Johnny Burnette, les girls groups Motown comme AC/DC.
Pour leur nouvel effort, ils sont allés enregistrer à San Diego, auprès d'un entomologiste du son vintage, collectionneur de matériel d'époque et habile à en utiliser le son analogique. Raw Deal est un disque qui réconcilie avec le rock'n'roll, et le ramène vers ses fondamentaux : mélodie infectieuse, beat contagieux, légèreté et sexytude. Il ne faudra pas y creuser profond pour y dénicher quelques tubes en puissance.
Et si l'heure était venue d'ouvrir la fenêtre des charts, et de laisser le rockabilly prendre à nouveau les commandes, comme aux temps des Stray Cats ? Et si dans les clips, on remplaçait un moment les dispendieuses berlines teutones pour revoir la décoration à grand coups de d'acier américain, de hot rods pétaradants et de Chevy's bicolores ?
En matière d'explosion, les Hillbilly Moon savent où allumer les mèches et disposer les fusées à poudre. Les écrans ne vont pas tarder à se les accaparer, ils travaillent à composer un nouveau titre pour la prochaine série de Martin Scorsese pour HBO, ils seront à Sundance, en Janvier prochain pour imposer le shuffle aux festivaliers qui voudront prouver que la fête n'est pas morte. Alors soyez les premiers à comprendre comment les 50's peuvent revitaminer les 2K10's : face à la crise de la musique morne, Hillbilly Moon Explosion est la solution.
Jean Eric Perrin