Fustier

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Jean-Marc Fustier a de ses ancêtres poètes la dent dure, le coeur pur et l'oeil chafouin. Je veux parler ici des Rilke, des Hugo, des Lautréamont et autres Villon. Il en a gardé la démarche en biais mais n'écorche plus les petits enfants.

Les chanteurs des rues, les conteurs de comptines sont menteurs à l'excès : ils élèvent jusqu'au culte l'hypocrisie et la mauvaise foi. Ils sont l'âme du groupe. D'eux, Jean-Marc a les coupes sèches et les rejets, l'angoisse vissée au corps, la synthèse et l'envie - surprenante l'envie -, et plus encore la fantaisie et la foi.

Il fait des chansons parce qu'il a horreur de ne pas en faire et abhorre s'ennuyer. Surplace et Ankylose, les deux déesses stagnantes, le dégoûtent : stabilité est inertie et étouffe le chant de l'oiseau. Epoque bruyante d'immobilisme ! Il leur préfère la détonation pure et brève. Les vrombissements « ne font plus frissonner sa narine » (sic). La version eunuque des enthousiasmes ouatés le navre et les absents n'ont plus tort : ils trahissent le mouvement naturel. Jean-Marc Fustier, lui, se produit et c'est l'idéal.

Tout ça pour dire que Jean-Marc est un poète presque complet et qu'il ne lui manque plus qu'un auditoire à la hauteur de ses rêveries pour qu'ensemble et dans un ballet inspiré il nous écrive une nouvelle page de la chanson française.

Et si vous n'aimez pas, vous pourrez toujours etc., etc. etc.



Alexandre Pusceddu